Un article d’Angèle (São Paulo / Paris), nouvelle contributrice Sou Capoeira.
Devagar se chega la! Mes premiers pas de Capoeira au Brésil.
J’ai eu la chance de découvrir la Capoeira en 2011 au pays qui en est le berceau, alors en année d’échange à l’Université de São Paulo.
En tant qu’étudiants étrangers, nous pouvions nous inscrire à l’un des clubs de sports de la fac pour la modique somme de 10 réais par an. Je me suis donc lancée dans la Capoeira par curiosité.
Les cours se pratiquaient dans le grand (et un peu lugubre) gymnase de l’université. Chaque cours réunissait ce qui me semblait être une assemblée de près de 50 personnes. Le tiers était en fait constitué d’étudiants étrangers qui, comme moi, n’avaient aucune idée de ce
qu’ils faisaient. Du coup, nous n’attirions pas trop l’attention des professeurs.
« Fogo de palha », disaient-ils : c’est-à-dire que les étrangers viennent tout excités s’essayer à la Capoeira, mais lâchent après 2 séances. Après l’échauffement, nous étions réunis dans un coin du gymnase pour apprendre les bases de la ginga, pendant que les étudiants avancés virevoltaient à l’autre bout de la salle.
Je dirais que durant 2 mois, à raison de 2 cours par semaine, j’ai eu un peu l’impression de faire n’importe quoi ! Si je continuais à venir, c’est surtout parce que chaque vendredi soir, à la fin du cours de 21h, s’organisait alors une grande roda avec tous les élèves avancés et les maitres.
Ils sortaient les berimbau et les percussions, et les chants repris en cœur par les capoeiristas résonnaient dans le grand gymnase vide. L’énergie de ces rodas était toujours incroyable. Je me faufilais entre les élèves, je frappais des mains et je tentais de retenir les paroles des musiques, sans jamais oser m’engager dans les rodas, tellement j’étais admirative de la beauté du jeu et intimidée par le niveau des capoeiristas, dont certains semblaient être nés en abada !
Je ne restais jamais jusqu’à la fin de ces rodas qui s’éternisaient des heures entières. Vers 22h, je me retirais discrètement pour rentrer chez moi, et je passais alors l’heure et demi de trajet du bus comme hypnotisée, à la fois vidée et ressourcée, et l’esprit bercé de rythmes et de mélodies.
10 décembre 2011 – Roda de Capoeira du vendredi soir à l’université de São Paulo, sous le regard de Mestre Gladson et Contra Mestre Vinicius.
Je me souviendrai toujours de Mestre Gladson, l’un des fondateurs de la Fédération Paulista de Capoeira, 4 fois vainqueur du titre de Champion Brésilien de Capoeira, et pionnier dans l’introduction de la Capoeira dans les universités du Brésil. Je n’ai jamais su son âge exact, mais que je le soupçonnais d’avoir déjà dépassé les 70 ans ! Certes, il ne faisait plus de AU, mais il était plein de malandragem et surtout, il était adoré et respecté de tous.
Il était également très sévère, pour ne pas dire parfois franchement désagréable. Bon, en fait, il supervisait les cours et passait son temps à gueuler sur les élèves empêtrés (c’est à dire, souvent moi !) et à crier « vai ! vai ! vai embora ! vai ! » quand on peinait à tenir notre negativa mais qu’il voulait déjà qu’on enchaine en rolê. Mais il ne fallait jamais le prendre personnellement, surtout puisqu’à la fin des cours, il retrouvait toujours son sourire plein de bonté et de bienveillance.
Un Capoeirista Français m’a raconté qu’il s’était carrément fait engueuler par le Mestre, car il préparait un exposé sur le lien entre l’esclavage et la capoeira. « Il faut arrêter avec ça ! Ce sont des mythes, mais cela n’a jamais été prouvé ! », disait le Mestre. Selon lui, que l’on le veuille ou non, il ne reste aucune trace écrite ou crédible qui
témoigne du fait que la capoeira était une façon pour les esclaves de pratiquer un sport martial en le cachant aux maitres blancs. Bon à savoir !
Très vite, j’ai senti à quel point la capoeira apportait un équilibre dans ma vie, moi qui n’ai jamais été très sportive. J’ai senti que la capoeira était différente de tous les autres sports, car elle s’accompagne de rituels, de musique, d’un mode de vie à part entière, surtout au Brésil où la capoeira se transmet de générations en générations. Une professeur Brésilienne ramenait toujours avec elle son fils de 8 ans.
Malheureusement, mon emploi du temps du deuxième semestre à la USP ne me permettait plus de fréquenter les cours de l’université. Il
me fallait donc un autre plan. Par hasard (ou destin), juste à côté de la coloc où je logeais dans la Villa Madalena à São Paulo, j’ai repéré une salle de fitness où une toute petite affiche disait « cours de capoeira » avec l’instructeur Gustavo.
Je me suis donc inscrite full time, et ce furent les 5 mois les plus kiffants de ma vie : j’ai pu me dédier pleinement à la capoeira à raison de 3 cours par semaine, à deux pas de chez moi. Cette fois-ci, les cours étaient dispensés dans un studio de danse de 15m² maximum, et nous étions de 8 à 10 étudiants grand max (après, on rentrait plus !). Le rythme était beaucoup plus soutenu et martial, la capoeira était Régionale contrairement à la USP. Ces mois ont été réellement formateurs et m’ont apporté toutes mes bases.
J’ai compris qu’en Capoeira, la clé est la patience, la persévérance et la « dedicação ». Mon professeur m’a passé une playlist de musiques de Capoeira, et il y en a une que je retiens encore aujourd’hui :
Iniciante, eu entendo a euforia
Logo que você entrou nessa academia
Tenho bem mais tempo e essa arte ainda me encanta
Mas água demais, até mesmo, mata a planta
Oi devagar se chega lá (Devagar se chega lá)
Devagar se chega lá (Devagar se chega lá)
Primeiro passo de um longo caminho
Vá devagar, vá bem devagarinho
Fogo de palha acaba logo, isso é um fato
E é de grão em grão que a galinha enche o papo
Oi devagar se chega lá (Devagar se chega lá)
A vous de traduire!
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