En fin d’année 2014, j’ai eu l’opportunité de participer à la ronde de professeur Choco (Guaiamuns), à celle de Faisca (Capoeira Brasil) et à celle de Formando Bem Ti Vi (Capoeira Brasil). J’ai eu envie d’écrire un article pour vous parler des rodas à Paris. En fait, plusieurs choses m’ont interpellé durant ces deux rodas, et je les retrouve (je crois) toujours à Paris.
On peut commencer par parler du nombre de capoeiristas présents: durant les rondes de Noël, (mais pas seulement celles-ci), il y a facilement 50 à 100 capoeiristes réunis et on peut compter une grande diversité de groupes représentés: plus d’une dizaine par roda!
Il y a parfois tellement de participants lors de ces rodas qu’elles peuvent en devenir des évènements à part entière. Dans ces jours précédant les rondes, les blagues fusaient à propos du Batizado qui allait se tenir samedi chez Choco (sa ronde de Noël, en fait), et que lui nous a offert un T-shirt de cet évènement! Merci 😉 !
Je n’ai pas la prétention de juger ce qui peut se passer ailleurs dans le monde, mais j’ai eu un peu l’occasion de voyager, et je pense qu’en France nous avons quelque chose de vraiment spécial, dans l’ambiance et l’entente qui existe entre toutes ces personnes.
C’est d’abord un niveau d’énergie et une ouverture à l’autre assez particulière.
Si la hiérarchie est respectée et implicite, ici, chacun a sa corde, mais tout le monde peut accéder aux instruments, au jeu, et à la roda. Il est très rare de voir des crises dues au fameux manque de respect (« falta de respeito»), présenté comme un crime de lèse-majesté dans certains pays. Essayez de prendre un capoeiriste de haut à Paris, et vous serez gentiment mais fermement calmé!
Une énergie positive donc, une hospitalité et un accueil génial, des jeux magnifiques plein de Mandinga Brasileira (malgré ce que certains peuvent en dire)…
J’ai eu l’occasion de discuter avec certains capoeiristes parisiens de l’histoire de la Capoeira à Paris et de son évolution, et durant ces « analyses » nous avons remarqué que celle-ci s’est construite dans un contexte urbain et cosmopolite. C’est une population jeune, urbaine, et internationale (génération d’enfants d’immigrés) qui a absorbé la capoeira et l’a développée en y mettant sa propre touche.
Ce métissage culturel et sportif s’est déroulé dans un contexte d’émergence des sports et des arts urbains (hip hop et ses disciplines associées). Ces cultures urbaines, de plus en plus présentes dans les médias (films d’arts martiaux, émissions de télévision) ont marqué les jeunes capoeiristes qui démarraient et qui représentent aujourd’hui ce que Tarubi (Instructeur chez Abada) appelle (à raison, je pense) la ‘Génération Capoeira’.
Cette génération, qui aujourd’hui approche (ou est entrée) dans la trentaine, est celle qui a marqué le développement de la capoeira à Paris et continue à s’y engager avec passion. Malgré des emplois prenants, des maternités, des familles, ils et elles continuent à peser dans la vie de la communauté capoeira et même à mener cette communauté (tout en continuant à lâcher des saltos mortais dans les rodas)..
C’est cette génération qui a formé et continue à former la suivante, toujours aussi accro à notre art, toute aussi passionnée, toute aussi prometteuse! Et celle-ci sera suivie d’une autre, marquée aussi par ces valeurs positives, de respect et de partage qui font de la capoeira parisienne… une capoeira qui n’existe nulle part ailleurs.
Je ne vous parle pas de niveau. J’ai vu d’excellents capoeiristes au Brésil, aux Etats-Unis, au Chili, au Japon, au Maroc… enfin, partout! Mais je n’ai jamais vu ailleurs ce que nous avons ici, en France, et à Paris. Notre capitale, mégalopole européenne, a attiré des brésiliens qui ont posé ici leurs berimbaus et nous ont appris plein de choses…
Mais ils n’étaient pas seuls. Ils y ont trouvé toute une génération à laquelle je veux rendre hommage. De l’association Maïra aux Bahianais, des mestres aux instructeurs, mais surtout du Nord au Sud de la métropole, tous les élèves qui sont aujourd’hui nos professeurs et ont fait de la capoeira ce qu’elle est aujourd’hui.
Pour eux, pour nous, pour les nouveaux et les nouvelles, perpétuons ces échanges et continuons les entraînements qui nous permettrons de maintenir le niveau qu’ils ont réussi à atteindre. Un niveau qui se développe individuellement, mais aussi en groupe, celui de la capoeira parisienne.
Si vous désirez à l’occasion participer à ces rodas, sachez qu’il existe des groupes (Rede Capoeira France et Capoeira Paris par exemple) présents et très actifs sur Facebook qui répertorient ces évènements.
T’as pas Facebook ?
Nan, mais t’as pas de rodas, Allo quoi !