Voilà revenus le 1er w/e de décembre et son désormais traditionnel festival “Rasteira Malandra”, organisé par CDO Paris. Comme beaucoup de bonnes idées, elle part d’un concept assez simple : mettre à l’honneur les femmes qui enseignent la capoeira.
En invitant des capoeiristas de tous horizons et origines à transmettre un peu de leur expérience et pédagogie à ceux et celles qui ont la chance de participer au festival, Mestre Chicote et sa team de choc d’élèves impliqué-E-s mettent une nouvelle fois en pratique les paroles qu’on entend souvent dans la conversation: « o jogo de capoeira é para homem, menino e mulher ». On les retrouve aussi dans chanson de Chicote, qui se poursuit ainsi :
« Na roda de capoeira, só não entra quem não quer.
Entram grandes e pequenos,
como diz a tradição,
Pobre, rico, preto, branco,
não tem discriminação ».
(« le jeu de capoeira est pour les hommes les enfants et les femmes » «Dans la ronde de capoeira, seuls n’entrent pas ceux qui ne le veulent pas. Les grands comme les petits participent, comme le dit la tradition, les pauvres, les riches, les noirs, les blancs, il n’y a pas de discrimination »).
On ne pourrait pas être plus d’accord, et je suis ravie de participer à la septième édition de l’événement. Les années précédentes, j’ai rencontré Professora Gata Brava des USA (une américaine, acrobate hors pair, au jeu impressionnant et joyeux), Formanda Sapeca (Capoeira Brasil, originaire de Fortaleza vivant et enseignant à Lyon, qui malgré une blessure avait donné un cours plein d’énergie, dansé la samba, et passé une chaleur de dingues), ou encore Mestra Noa d’Israël, qu’on ne présente plus. On avait aussi eu l’occasion de retrouver CM Nega Uara (Senzala) Paulista de Sète, Monitora Moranguinho, Professora Ligeirinha de CDO (Chester et Come and Play Paris) et bien d’autres.
Cette année, pour la deuxième fois, Professora Carole (Biriba Brasil Paris) a donné un cours avancé. Autant c’est enrichissant de découvrir les mouvements et cours proposés par des capoeiristes qu’on ne connaissait pas, autant c’est amusant de suivre le cours d’une prof de son groupe avec des élèves venus d’horizons différents. Comme souvent avec Carole, la séquence était simple et difficile à la fois, bien décomposée pour la rendre accessible à tous, mais bien technique pour donner à travailler aux plus avancés.
On pourrait aussi parler de la précision et de l’énergie incroyables des Professoras Joyce et Janaina (CDO Matriz et Munich), autant dans le jeu que la bateria ; ou de l’émouvant remerciement de Mestra Paulinha Zumba (CDO Fortaleza) à Mestre Chicote, qui est le premier à l’avoir invitée à un événement en dehors du Brésil. Leur jeu à tous les deux a clos la roda d’anniversaire de Chicote, le samedi soir. N’ayant pas vraiment réussi à le faire tomber, Mestre Paulinha a finalement fait mine de l’assommer avec l’atabaque pour avoir raison de lui.
Comme d’habitude, l’ambiance était joyeuse, festive, ouverte à tous. Le gang de l’organisation n’y est pas pour rien. Bamba, Pantera, Dengosa, Miuda, Banda, Espelho, Esquilinho, Gaf, et tous les élèves avancés de CDO Paris prennent la capoeira très au sérieux, sans se prendre, eux mêmes, au jeu du sérieux. Mestre Chicote a joué avec tous les participants, dans la ronde de mi-journée du samedi, contribuant au sentiment de chacun qu’il/elle était bienvenu-e. La nouvelle génération, circulait dans le ventre des futures mamans, ou en liberté surveillée, contribuant, elle aussi, au sentiment de famille. Celle qu’on a choisie, celle de la capoeira qu’on aime.
Bilan de tout ça, les cours comme les jeux et rodas débordaient d’axé, dendê, energia, sans oublier, bien sur, maladragem et mandiga.
Comme pour nous rappeler que la culture de résistance n’est pas née au pays du bonheur, le festival a de nouveau été victime d’un désagréable imprévu. L’an dernier un conflit de créneaux dans le gymnase aurait pu finir mal entre les capoeiristes pacifiques et une équipe de foot enragée. Cette année la grève d’un autre gymnase a perturbé la journée du dimanche. Encore une fois l’équipe de choc de CDO a sorti son « pulo do gato » (saut du chat) et trouvé une solution de dernière minute !
Merci à Sao Bento d’avoir laissé le jeu se poursuivre et à CDO Paris pour sa bonne vibe et ce super événement !
« São Bento proteja esse jogo, São Bento me deixe jogar, São Bento proteja esse jogo, que a capoeira não pode parar ! »
(Sao Bento protège ce jeu, Sao Bento laisse moi jouer, Sao Bento protège ce jeu, car la capoeira ne peut pas s’arrêter).
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