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Pratique-t-on la Capoeira différemment que dans le passé ?

Aujourd’hui, pratique-t-on la Capoeira pour des raisons différentes que dans le passé ?

Julien Terrin : Si vous faites mention du milieu social dans lequel elle se pratiquait et des usages qui en étaient faits ou tout simplement de la manière de jouer… Bien sûr !!!!La Capoeira a connu tout au long du XXème siècle un véritable processus de transformation. Issue des marges urbaines, pratique criminalisée, elle s’est peu à peu fait une place au sein de l’espace culturel brésilien.

Pour bien comprendre cette rupture, il faut remonter au XIXème siècle, époque à laquelle la Capoeira était à la fois une pratique populaire, un instrument voire une arme politique utilisée aussi bien par les gangs de Rio de Janeiro (Maltas) pour contrôler des quartiers entier de la ville que par les hommes politiques véreux et une police chargée d’éradiquer la Capoeira en combattant le mal par le mal !

Ce qu’il faut retenir de cette époque, c’est que la Capoeira était une pratique de rue non institutionnalisée et donc potentiellement bien plus violente. Issu d’une époque et d’un milieu où la violence était monnaie courante (violences policières, inégalité raciale et sociale poussées à l’extrême), la pratique reflétait l’environnement dans lequel ses pratiquants évoluaient. Réciproquement, les récits renvoyant à cette époque sont entaché de sang, de luttes aussi bien individuelles que collectives.

Les figures représentatives de la Capoeira de l’époque sont alors les Valentões (les braves), capables de défier plusieurs hommes (force de l’ordre comprises) avec pour seule arme une agilité hors paire et parfois une lame de rasoir. Les malandros étaient eux aussi des figures mythiques de la Capoeira marginale. Personnages ambigus, antihéros par excellence évoluant dans la société comme des funambules en équilibre sur l’étroit fil de la marginalité, les malandros n’étaient autre que le reflet des inégalités et de la fracture qui existe dans la société brésilienne post-abolitionniste.

Source: Julien Terrin, anthropologue, a réalisé en 2011 un mémoire de recherche intitulé : Salvador de Bahia, la Mecque de la Capoeira. Cet extrait provient d’une interview réalisée par Julien Bouisset lors de l’évènement à la Cité de la Musique, « Capoeira : danse et combat », le 12 février 2012

Vous pouvez la retrouver ici: http://www.mondomix.com/news/julien-terrin-aujourd-hui-la-capoeira-est-pratique-en-grande-majorite-dans-des-milieux-aises

 

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