J’écris cet article en écoutant le remix de la chanson » J’ai deux amours » de Josiane Baker. C’est dans cette chanson qu’elle chante haut et fort son amour pour la ville lumière, avec le beat de niggaz in Paris de Jay-Z et Kanye West. Selon moi, en plus d’être la ville lumière, Paris est la capitale européenne de la capoeira.
Dès mes débuts, j’ai pu profiter du bonheur d’être capoeiriste sur Paris. Tous les dimanches, à Saint-Maur Créteil au club 94, mon professeur organisait la roda ouverte .
Et tout jeune que j’étais, sans bouger de mon club je voyais toute la capoeira parisienne se laisser aller dans la mandinga de la roda.
Il n y avait pas d’histoire de groupe ou de genre. On était là pour un seul but, sous une seule bannière, la capoeira. Tous les groupes confondus s’y retrouvaient, de Capoeira Sul da Bahia, Senzala, Topazio, Abada, Capoeira Gerais, Muzenza… sans oublier les angoleiros qui se joignaient à nous. Tout le monde jouait avec tout le monde, sans aucun souci de style, de couleur, de génération…
Je n’avais pas encore conscience de ce qui se passait, car trop jeune dans la capoeira je ne connaissais pas l’envers du décor, les rivalités entre groupes, etc… Dès que j’ai commencé à avoir un avis critique et constructif sur la capoeira, j’ai pu ouvrir les yeux et je me suis rendu compte que la capoeira parisienne était géniale.
En premier lieu, il y a une variété énorme en termes de groupe. En termes de lieux d’entraînement, il doit y en avoir plus de 300 en Ile de France. Dans ses 300 lieux, on trouve des groupes d’Angola et des groupe de regional. Nous avons des grands groupes et des moins grands… des groupes mondialement connus et d’autres connus seulement en France.
En termes de style, le choix est large. Si on aime le style bahiannais, on peut rendre visite à nos amis de Capoeira Naçao, Olorum capoeira, Chapeu de Couro, Topazio… Si c’est la mandinga qui nous intéresse, on peut aller chez les Angoleiros do Mar, Cana Capoeira, Angola cap… Si nos choix se portent sur une capoeira technique, nous avons capoeira Abada, capoeira Muzenza, si on est invertébré et que notre corps n’a pas peur de se tordre partout, on peut se rendre chez Cordao de Ouro, ou si on veut un style qui s’adapte à toute situation, capoeira Sul da Bahia, capoeira Senzala, capoeira Brasil.
Nous avons plein de lieux d entraînement aussi! La douce pelouse de la Défense nous caresse le corps quand nous ratons nos acrobaties, idem pour celle du parc de Javel, les quai de Jussieu où dès qu’il ne
pleut pas on retrouve des capoeiristes de tous horizons, le parc de Bercy, qui avec ses escaliers nous permet de faire un bon échauffement à la Rocky avant de commencer une roda…
Mais aussi le Trocadéro, où derrière les instruments lors des rodas on peut admirer la dame de fer. Le parc de sceaux, où il fait bon s’entraîner quand le soleil montre sa tête. Et il ne faut pas oublier le passage forcé de tout capoeiriste, où roda et entraînements se font à toute heure de la journée… le parc de la Villette.
Lors des périodes des événements, il arrive que l’on assiste à la roda d’ouverture de l’un , que le lendemain on fasse le stage de l’autre, que le surlendemain on aille à la cérémonie d’ouverture du championnat du voisin, et qu’on termine le week-end dans 4 baptêmes différents car nos amis passent leur corde.
Un capoeirisite parisien n’a pas d’excuse s’il souhaite pratiquer son art tout le temps. Du lundi au lundi, plusieurs options s’offrent à lui.
Le lundi il peut aller à Mantes la jolie faire un training avec le Prof Cara de Peixe, le mardi il peut passer à Juvisy faire un cours avec moi, le mercredi il peut passer chez le professeur Pimpolho , le jeudi il peut débrailler dans la roda du maître Chicote, le vendredi il peut aller rendre visite et écouter les mélodies du berimbau du Contra-Mestra Fubuia, le samedi il peut enchaîner avec le cours du maître Guara, et le dimanche il peut passer voir l’instructeur Flip à Créteil…
Et la semaine suivante il change d’itinéraire…
De toute cette variété émergent des événements qui sont à faire et à refaire, comme la roda de Noël du professeur Faisca à Nanterre , les
événements du maître Guara où l’on peut y croiser des personnes du Movimento Novo, le Passo A Frente du mestre Chicote où la liste des invités fait minimum 60 personnes, les championnats organisés par le Contre Maître Mola à Drancy , les événements du Prof Haïti où on a croisé du beau monde de chez Abada (dont Mestre Camisa), mais aussi les rodas organisées par le collectif Rede Capoeira France au Trocadéro, le Joga Bonito du professeur Nuno où l’on fait 16h de roda…
Et tant d’autres…
Je pense que le fait que les premiers capoeiristes aient posé leur meia lua de compasso depuis une 30aine d’années à Paris fait que la capoeira s’est bien développée et que la pédagogie et l’amour de leur art qu’il nous ont transmis font que la capoeira parisienne ne fait que grandir et s’améliore d’année en année.
Tout ces événements, ces lieux mythiques, ces diversités de style font que nous les parisiens avons la chance de pouvoir faire de la capoeira et d’échanger avec tous types de capoeiristes de tous horizons, et c’est ce qui fait la force de notre capitale de capoeira.
Vous voulez faire de la capoeira à ne plus en pouvoir… passez à Paris.