Maculelê. Une sorte de lutte chorégraphiée où les danseurs s’affrontent avec des bâtons en bois. Pourquoi peut-on l’assimiler à l’univers de la Capoeira ?
Julien Terrin : Tout comme pour la Capoeira, les origines du Maculelê restent obscures. Mettant en scène deux guerriers armés de bâtons de bois ou de machettes, le Maculelê est une danse particulièrement dynamique qui s’effectue au rythme des Atabaques. Originaire de Santo Amaro da Purificação – ville située dans le Reconcavo bahianais (arrière pays de Salvador de Bahia) – les théories sur ses origines laissent là encore entrevoir les richesses du métissage afro-brésilien. Certains défendent l’idée qu’il provient des traditions indiennes locales. Néanmoins la thèse de l’origine africaine reste la plus probable.
Cette danse ressemble sur de nombreux point à la Capoeira. En effet, chant, rythme et chœurs se répondent pour apporter l’énergie nécessaire aux deux danseurs qui improvisent au milieu de la ronde.
On peut aussi l’assimiler à l’univers de la Capoeira tout simplement parce que le Maculelê connaît un processus d’institutionnalisation similaire (milieu des années 1940). Au début du XXème siècle, la plupart des maîtres de cet art périrent en emportant avec eux les secrets de leur art. Par conséquent, le Maculelê disparut presque totalement des fêtes populaires de Santo Amaro. C’est à l’initiative de Paulinho Aluisio de Andrade, plus connu sous le nom de Maître Popo, que la pratique regagne sa place dans les fêtes profanes de la ville avant de devenir célèbre dans l’ensemble du Brésil. Il réunit un groupe de proches et réinventa la pratique du maculelê à partir de ses expériences et souvenirs d’enfance. Comme les maîtres Bimba et Pastinha le firent pour la Capoeira, il donna au Maculelê une structure servant de modèle pour la préservation et le développement de son art.
Si l’on peut supposer que les liens entre Capoeira et Maculelê existaient depuis bien longtemps à Santo Amaro da Purificação, les deux univers se rejoignent au sein des premiers ballets de danses folkloriques afro-brésiliens. Une grande partie des capoeiristes passés par ces ballets folkloriques reçoivent une formation complète en danse et en percussions. Faisant alors partie intégrante du bagage culturel des capoeiristes, l’enseignement du Maculelê a lui aussi franchi les frontières du Brésil.
Source : Julien Terrin, anthropologue, a réalisé en 2011 un mémoire de recherche intitulé : Salvador de Bahia, la Mecque de la Capoeira. Cet extrait provient d’une interview réalisée par Julien Bouisset lors de l’évènement à la Cité de la Musique, « Capoeira : danse et combat », le 12 février 2012
Vous pouvez la retrouver ici: http://www.mondomix.com/news/julien-terrin-aujourd-hui-la-capoeira-est-pratique-en-grande-majorite-dans-des-milieux-aises