Un article de Mandacaru (Paris) nouveau contributeur Sou Capoeira.
Suite a quelques remontés de nos lecteurs cet article a été modifié le 18/07/2017, et certaines parties ont été tronquées.
Tout est dans le titre…
Premier problème : Quand quelqu’un que nous rencontrons fait de la capoeira, il nous demande systématiquement « tu es quelle corde ? ».
Pourtant, il n’y a aucune équivalence de cordes d’un groupe à l’autre. Quand on change de groupe, il est possible qu’on soit retrogradé ou alors qu’on saute trois cordes à notre batizado par respect si on possède le niveau requis. Dans certains groupes, il n’y a aucun lien entre le statut (grade) et la corde. On peut par exemple avoir été désigné instructor dans un groupe après notre deuxième corde et ne pas l’être même en ayant la troisième corde dans un autre groupe. Il n’y aucune réciprocité entre les groupes au niveau des grades et des statuts et le statut n’est pas toujours indexé à la corde. Par exemple, dans certains groupe la corde bleue signifie instructor et cette corde ne sera remise que sous conditions d’ancienneté dans le groupe, à la suite d’un voyage au Brésil ou en remerciement pour l’implication. Dans d’autres groupes une corde ne confère pas toujours un statut de monitor/instrutor/professor/contra-mestre/mestre et chaque groupe a ses appellations comme élève-instructeur, stagiaire, graduado, formado ou mestrando.
Deuxième problème : dans certains groupes un instructor possède le niveau d’un contra-mestre d’un autre groupe. Il n’y a aucune correspondance des statuts. Un Mestre sorti de nulle part peut ne pas avoir le niveau requis pour être Instructeur. Chaque groupe possède ses propres exigences.
Troisième problème : pas besoin de diplôme, n’importe qui pour s’autoproclamer professeur de capoeira en France. En revanche, s’il s’autoproclame mestre au Brésil et que ce n’est pas le cas, cela va vite se savoir, vu que les gens deviennent Mestres par témoignages et que tout est question de respect de la tradition (ce qui n’est pas ce qui prédomine en France.)
Quatrième problème : pas de licence pour les adhérents et pas de recensement du nombre de capoeiristes de façon formelle en France, ce qui ne serait pas le cas avec une fédération.
Cinquième problème : peu de confiance dans la capoeira tant qu’elle n’est pas validée par les institutions.
Quand je suis allé au Portugal pour le championnat d’Europe de Muzenza, deux personnes en costume-cravate, représentants de la fédération portugaise de capoeira sont apparues en courant sous un tonnerre d’applaudissement. À ce moment, un ami venu accompagner son fils jusqu’au Portugal m’a dit : « Applaudissons pour féliciter ce qu’ils ont réussi à créer au Portugal et que nous n’avons pas réussi à faire en France », sous entendu, une fédération française de capoeira.
Pour être recensé comme groupe de capoeira en France, il faut aller sur le site Capoeira France où j’ai été étonné de voir un groupe nommé « Secte capoeira » qui a été créé à Lyon, tout comme j’ai pu lire qu’un adhérent du groupe Cultura Capoeira a été enterré avec sa corde et son abada. D’un point de vue français et européen, cela choque, peut-être que c’était une volonté de ce capoeiriste d’être enterré avec sa corde tout comme on peut choisir la musique que l’on va écouter le jour de son enterrement, mais ces pratiques sont celles qui me rebutent personnellement,
Une fédération permet de donner une définition à la capoeira et d’en sanctionner toutes les dérives plutôt que de tout accepter à partir de cette règle que tout capoeiriste connaît : « Celui qui a mal car il n’a pas esquivé, a tort ».
En France, libre à chacun de choisir son groupe de capoeira, tout repose sur l’idée qu’on a de la capoeira (a priori un sport où l’on ne se touche pas, crois-t-on) et sur la confiance placée dans le « professeur ». Or, on ne peut que s’en faire une idée superficielle lorsqu’on inscrit son enfant, en pensant qu’il va assurer sa sécurité physique et morale. Mais c’est parfois à l’inscrit de devoir assurer lui-même sa sécurité physique et de devoir prendre sur lui, ce qui créé du stress et ne facilite pas l’apprentissage qui devrait exister grâce à la confiance mutuelle instaurée.
En France, il n’existe pas de fédération pour le moment, chaque groupe fait comme il l’entend avec ses codes (faire une queda de rins devant l’orchestre comme salutation par exemple, la salutation varie selon les groupes, certains sont plus libres et n’en ont pas, d’autres assimileront cela à un manque de respect au Mestre).
Grâce à la loi 1905 chacun est libre de créer son groupe de capoeira, il suffit d’un président, d’un trésorier, etc. Même sans aucune légitimité ni aucun grade conféré par un Mestre, personne ne viendra l’embêter. Seul risque : qu’il n’ait pas beaucoup d’élèves car tôt au tard ces derniers cherchent l’authenticité… S’il fait la démarche et qu’il remplit les critères, le groupe peut obtenir la reconnaissance du ministère de la Jeunesse et des sports (notamment grâce aux Ateliers Bleus) ce qui est un plus pour la confiance des adhérents, notamment des parents cherchant un label de confiance comme celui de la « lutte contre la violence dans le sport », décerné par le ministère de la Jeunesse et des sports.
Au Brésil il existe plusieurs fédérations comme la Super Ligua de capoeira présidée par Mestre Burgês de Muzenza. Les diplômes de cette ligue sont attribués aux enseignants de Muzenza, mais les adhérents à la Super Ligua sont aussi les groupes Capoeira Gerais, etc.
La Fédération mondiale de capoeira en Azerbaïdjan n’est pas prise au sérieux, ce serait comme créer au Brésil une fédération d’aïkido (art martial qui vient du Kazakhstan). On se demande tous pourquoi les championnats du monde ont toujours lieu en Azerbaïdjan avec cette fédération où figurent des Mestres renommés comme Mestre Barrão. Peut-être simplement parce que l’Etat d’Azerbaïdjan a réussi a créé une fédération nationale de capoeira et que ce pays accorde à la capoeira son patrimoine culturel (ceci dit je ne vois toujours pas le lien entre la capoeira, le Brésil et l’Azerbaïdjan.)
Vous l’aurez compris, pour l’instant en France, chacun fait comme il l’entend et chacun y trouve son compte. J’ai appris récemment que la Fédération Française de Karaté accueillait la capoeira ! C’est peut-être un premier pas vers une fédération 100% capoeira en France.
http://vidadecapoeira.com/federation.php
À noter que la FFCA (fédération française de capoeira contemporaine) est juste une grosse blague qui contribue à l’harmonisation du lexique brésilien et fait disparaître la rabo de arraia au profit de la mea lua de compasso. Le danger d’une fédération est aussi de vouloir tout contrôler et de supprimer les spécificités d’une culture, ainsi la mea lua de frente connue aussi sous le nom « armada de frente » ne s’appellerait plus que mea lua de frente, pour le meilleur ou pour le pire…
http://www.capoeira-france.com/ffcc.htm
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Il existe une fédération FFKDA depuis 2 ans (sebut 2016)qui réuni plusieurs groupes de Capoeira avec déjà des compétitions et des équivalence et des diplômes fédérales.
V.D.C
Voici ul lien qui confirme nos direshttp://www.ffkarate.fr/actualites/bienvenue-aux-capoeiristes/