Capoeira en France !On y étaitRodas

On y était: La grande Roda de Bocão & To Chegando, le 17 Janvier 2015

Un article de Malagueta & Gafanhoto, Paris pour SouCapoeira!

Lui : Petit manteau en (faux) cuir, béret, lunettes… Tout bien assorti (style Jackie Brown), je suis fin prêt pour « La grande Roda de Capoeira ». Direction le stade Jean-Bouin (Paris), chez Bocão…
Elle : C’est écrit « classe » sur l’événement Facebook… Je soupire devant ma garde-robe: classe ET capoeira, non, non, j’ai pas…bon, ce sera leggings noirs, robe noire, nœud pap’ et mocassins noir et blanc: Michael Jackson peut aller se rhabiller!

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Lui: Pensant arriver à l’heure (brésilienne), je prends possession des lieux. Bizarrement, seule une poignée d’élu(e)s est réunie. Mon inquiétude se lit dans mon regard quand je lance « Vous avez votre costume? » (J’ai dû dire costard histoire de paraître + cool). Plusieurs réponses me parviennent mais aucun « oui » concret… je sens le traquenard…
Elle : Aucun t-shirt de capoeira, pas le moindre petit bout d’abadá ou de corde colorée… et du Reggae à fond les ballons… en plus d’être terriblement en retard, j’ai dû me tromper d’endroit. Je m’apprête à refermer la porte quand mon regard accroche des visages connus: Tarubi, Pimpolho, Bocão… que font-ils à un cours de reggae? Okay, non, c’est bien là! Pour mon cerveau, roda = tout le monde en blanc. Je bugge un peu, mais je me reprends. Bon, les mocassins bicolores, c’était peut-être un peu trop… heureusement Gaf est autant sur-sapé que moi… solidarité !

Lui : Sur des airs de Nas, Notorious B et Bob Marley, un petit échauffement très bien orchestré par notre hôte : rapide et efficace. Puis, Bocão nous place deux par deux pour travailler notre Ginga, un exercice très safe et idéal pour apprendre à se connaitre… Avec la B.O., j’ai l’impression d’être dans Soul Train, et je trouve ça plutôt agréable de caler ma ginga sur Superfly de Curtis Mayfield. Legal !
Elle : Alors oui, c’est vrai qu’on adore les chants de capoeira, mais c’est particulièrement cool de s’échauffer sur les Fugees… Et puis Capoeira, rap, hip-hop, reggae et même jazz ne sont-ils pas tous connectés? L’histoire commune de l’esclavage a donné naissance à des expressions artistiques variées mais qui continuent de dialoguer entre-elles aujourd’hui. Qui influence l’autre? Peu importe car, au final, chacun s’enrichit.

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Lui : Je vous l’avoue, je suis déstabilisé lors de mon premier jeu avec une fille en t-shirt et leggings noirs… je me surprends à me demander à quel groupe elle appartient et à chercher un logo. C’est plus simple pour analyser son jeu et ne pas être surpris par un martelo… bref, on n’est jamais content…
Elle : Tarubi et Pimpolho expliquent que l’idée de venir sans aucun logo ne date pas de cet événement. Ce principe est instauré depuis le début de ces Grandes Rodas, qui ont pour but de rassembler les capoeiristes de tout Paris. Cela permet de regarder le jeu plus que le t-shirt de son partenaire… moi ça me va!

Elle : Un unique cercle est formé, dans lequel 2 jeux peuvent se dérouler. Bocão lance la bateria sur un rythme Benguela et le lent ballet des corps commence… A travers les grandes baies vitrées, le ciel bleu commence à se violacer, la lumière décline et sur le miroir qui occupe tout un pan de mur, la buée monte, voilant les silhouettes. Les jeux se succèdent, les chanteurs également. Bocão, Pimpolho, Tarubi… Alors, lui… Tarubi est sans doute l’une des plus belle voix de la capoeira à Paris. Il ne se contente pas de chanter, il « vit » les chants, y met toute son énergie. Celle-ci se répand alors dans la roda et si l’auditoire, trop absorbé, ne la saisit pas au vol, il se fait aussitôt secouer. Avec Tarubi on ne badine pas avec l’énergie. Ici aucun figurant n’est toléré: on ne veut que des acteurs de la capoeira.
Lui : L’énergie va donc crescendo. Aujourd’hui, on est juste des individus venus pratiquer cet art que l’on aime, la capoeira… on a laissé à la maison abadá, logo, t-shirt, groupe, corde, etc! Quelque part on se sent mieux, on est plus légers, on a les épaules moins lourdes : « c’est mieux pour sauter! ». On joue pour nous et cela fait du bien…La bateria est libre. Les gens jouent à tour de rôle, mais on sent bien que Pimpolho et Tarubi sont aux commandes (notamment quand ils arrêtent le jeu pour nous proposer des boissons énergisantes…) Ce sont aussi eux qui lancent le fameux « parabéns pra você », signal redoutable pour le capoeiriste qui fête son anniversaire qu’il va en baver. Dans cette cérémonie traditionnelle de la capoeira, chaque joueur a alors pour objectif de le mettre par terre… mais dans la bonne humeur ! C’est l’anniversaire de 2 élèves ce jour-là. Ils se battent comme des lions contre les joueurs qui déploient des trésors de maladragem (« malice » ou « ruse ») pour les déstabiliser.

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Elle : Le rythme s’accélère, l’impatience des joueurs se fait sentir. La roda est fébrile, chacun veut rentrer, chacun veut en découdre… La buée a recouvert entièrement le grand miroir. Je crois que le berimbau a la chair de poule lui aussi, il s’emballe, il invective les joueurs, les possède, les fouette de ses notes aigrelettes. La roda tressaute.
Lui : On voit de tout! Les coups de pied fusent à vous étourdir lorsque les jeux s’enflamment… Mr Pimp (comme j’aime l’appeler, mais « chut », il n’est pas encore au courant) interrompt la roda pour nous poser une question : « Si un mec balance un Martelo et l’autre se le prend, qui est en tort ? » Je vous laisse lui envoyer vos réponses par mail Mrpimp(at)cgb.montreuil.fr
Mais le maitre des lieux restait Bocão .C’est lui qui, par petites touches, organise la roda en lançant par exemple la fameuse « minute féminine » et qui prend la parole pour demander un jeu plus ouvert. C’est alors un feu d’artifice de saltos et autres floreios, pour moi, le meilleur moment de la roda ! Les jeux se débrident et on voit de très belles actions… comme quand Peninha et Maluquinho lancent deux aús de costa sem mão synchronisés, ou quand Kval passe sous l’armada d’un capoeiriste pour le propulser dans les airs. J’exagère un peu, mais c’est pour ces moments-là que j’aime la capoeira.

Lui: La roda continue… et se terminera par la fameuse reprise de Formado Cigano « Auê auê auêê êêê, auê auê auê êêê » (on se comprend), et donc un petit pogo improvisé façon capoeira Bra… (pas de groupe on a dit). Enfin, bien sûr, on ne pouvait pas se quitter sans un petit apéro de célébration, car comme l’a expliqué Tarubi : « c’est toujours mieux un apéro à la fin. Quand les capoeiristes savent qu’ils vont trinquer ensemble après la roda, ils évitent de se chauffer pendant… » C’était la pensée du jour 🙂
Elle : PS: on veut bien la bande son de l’entrainement pour la partager avec tout le monde!

Merci aux organisateurs et aux joueurs ! Axé !

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Pour vous échauffer, vous aussi, en mode Soul Train…

La vidéo (coming soon…)

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