Souvent quand on me dit « ah ouais la capoeira c’est chouette comme danse » je réponds du tac au tac: « j’ai vu deux KO dans des rodas de capoeira, va expliquer aux deux gars qui sont tombés que c’était de la danse ».
Bon c’est normal que de l’extérieur on ne comprenne pas bien ce que font ces gens qui semblent ne jamais se toucher lors des démos et autres spectacles. Alors souvent j’explique qu’en démos c’est spécial, il n’y a pas la même énergie, on ne veut pas faire peur aux gens et puis on ne veut pas se blesser bêtement!
Finalement, si au premier abord les gens pensent encore que la capoeira c’est de la danse, ça veut dire que jusqu’à aujourd’hui l’intention des premiers capoeiristes a toujours la même efficacité! La lutte reste déguisée et les personnes non initiées sont adoubées… Mais attention vous qui rentrez dans la roda de capoeira vous savez ce qu’il en est! Et à quel point cet art martial peut être violent et efficace!
Parmi les différents « accidents » que j’ai vu dans les rodas j’ai été marqué par le fait que souvent les personnes blessées ne sont pas celles qui sont en train de jouer ! Mais par manque d’attention, elles n’ont pas le temps d’anticiper le coup qui leur arrive dessus.
Pour ma part, je me suis blessée à chaque fois pendant les entraînements, car j’étais beaucoup moins alerte. Mais l’expérience que je souhaite partager ici avec vous, la voici:
Un ami souhaite rentrer dans la roda mais le Mestre qui tient la roda lui fait signe de patienter. Il se relève, et là le Mestre qui est en train de jouer sourit, puis lui donne un coup de pied sans force, juste pour le pousser, au niveau du bassin.
Mon ami passe a coté de moi en grimaçant, fait deux pas en dehors de la roda et s’effondre au sol en convulsant.
Je sors de la roda crie à l’aide, attrape le téléphone de quelqu’un, sors et vais appeler les pompiers pendant que d’autres s’occupent de notre ami au sol.
Il y a de ça plusieurs années, j’ai appris lors d’un stage d’AFPS
(formation de base aux premiers secours) la procédure à suivre lorsqu’on appelle les pompiers:
1. se présenter en donnant son nom et son prénom.
2. donner l’adresse où l’on se trouve.
3. expliquer les faits.
4. les pompiers arrivent.
D’accord ça c’est la théorie. En théorie tout est simple, mais je me suis vite vu confronté à plusieurs couacs.
- Le standard des pompiers « Parlez à la victime, demandez lui où il a mal ? »
- Moi « Heuuu excusez moi mais je ne peux pas allez où il se trouve, il y a trop de bruit, trop de musique, et il ne peut pas se lever à cause de la douleur »
- Standard » Nom, prénom, âge et votre lien avec la victime? »
Heureusement je connaissais en partie les réponses à ces questions. Mais si j’avais connu que son apelido? - Standard » Mais vous êtes à une manifestation sportive et il n’y a pas de pompier, de sécurité, de médecin? »
- Moi « NON! Sinon je ne vous appellerais pas… »
Bref…
J’ai failli perdre patience lorsqu’il a fallut que je ré-explique tout ça au SAMU parce que les pompiers ne voulaient pas se déplacer… mais ils sont finalement venus! Et mon ami va bien.
Deux choses à retenir de cette expérience:
1. Si par malheur vous devez appeler les pompiers pendant que la
roda bat son plein, armez vous de patience! Et de toutes les informations sur la personne qui est blessée, afin que ça aille plus vite.
(Exemple: « Allo les pompiers? Y’a Sambalélé qui c’est pris une compas de Maquina dans la roda il est KO depuis 10min vous venez? Vous nous trouverez grâce au son du berimbau! On chante lalaélaéla pour le moment » ===> ça ne marchera pas! )
2. Etirez votre psoas! Un coup bien placé dans ce muscle mal connu, plein de toxines, et vous serez tétanisé comme mon ami!
Après, il a quelque chose qui n’est pas facile à comprendre c’est le fait que la roda continue, parfois même se déplace pour pouvoir
continuer là où il n’y a pas de mare de sang (oui je l’ai vu, de mes yeux vu!). Ça fait toujours un drôle d’effet. Mais au final j’ai compris que ce n’est pas du mépris envers la personne qui est blessée, juste un rituel.
La roda continue, comme la vie, l’energie, l’envie de jouer. C’est un peu comme la théorie de « remonter en selle après être tombé du cheval »… quand on voit quelqu’un se blesser, ça refroidit, on se pose des questions, on se demande pourquoi on se met en danger etc. Je vois ça comme « allons jouer pour celui qui ne peut plus pour le moment… ». Et vous?
Vous avez aimé cet article? N’hésitez pas à le partager!
N’oubliez pas de liker SouCapoeira sur facebook et de nous suivre sur twitter!